L'Italie vend des villas gigantesques pour presque rien - mais il y a un hic

Pour beaucoup d'entre nous, l'Italie est synonyme de paysages magnifiques et de rêveries bucoliques. Qui ne voudrait pas vivre dans un paradis méditerranéen, un verre de vin à la main ? Les responsables d'une ville italienne savaient bien que les gens du monde entier allaient vouloir s'installer chez eux et profiter d'une retraite anticipée ; ils ont donc élaboré un plan pour faire venir des habitants dans leurs maisons vides, et cela a commencé avec de l'immobilier bon marché. Bien sûr, les acheteurs potentiels devaient se poser la question : y avait-il un problème ?

Le problème de Sambuca di Sicilia

Les responsables de Sambuca di Sicilia (ci-dessous) étaient confrontés à un énorme problème : les gens continuaient de quitter leur humble petite ville. Avec une population de seulement 5876 habitants en 2017, la ville était l'ombre de ce qu'elle avait été autrefois ; ses responsables ont donc réalisé qu'ils devaient résoudre ce problème - et ils savaient par où commencer.

Des villas abandonnées

En raison de la diminution de la population, de nombreuses villas de Sambuca avaient été abandonnées. Alors que les responsables espéraient que certaines puissent être transformées en AirBnB pour promouvoir le tourisme, l'objectif ultime était d'accueillir de nouveaux résidents permanents. Les villas étaient donc la clé.

Vues panoramiques

Après tout, la Sicile est chargée d'histoire. Et avec son paysage spectaculaire entouré de mers cristallines, de nombreux visiteurs affluent vers le pays chaque année pour des vacances idylliques. Avec des villas abordables, pensaient les responsables, les gens ne se contenteraient pas de passer des vacances ; ils voudraient rester. Et la meilleure façon d'inciter les touristes à devenir des locaux était de leur faire une offre qu'ils ne pouvaient pas refuser.

Ville cherche habitants

S'ils pouvaient rendre ces villas abandonnées vraiment abordables, la ville elle-même - qui offrait un petit quelque chose pour tout le monde - ferait le reste. Ce que la petite ville de Sambuca avait pour elle, c'était son charme, son histoire, son emplacement et surtout, une culture riche. Par contre, elle nécessitait des travaux de restauration radicale.

Mise en vente

Sachant cela, les autorités ont mis en vente 17 maisons situées à Sambuca, offrant une vue majestueuse sur la Méditerranée, des paysages somptueux à explorer et une architecture tirée tout droit d'un conte italien, et ce pour un prix bas, ridiculement bas même ! Qu'entend-on pas là ?

Maisons à un euro

Dans le cadre du projet immobilier appelé « Casa a 1 Euro », les maisons furent vendues pour un euro seulement ! La nouvelle de cette offre incroyable se répandit comme une traînée de poudre - bien que tous les détails de l'accord n'eussent pas été annoncés haut et fort.

À vos marques, prêts, achetez !

Néanmoins, peu de temps après que les autorités de Sambuca eurent présenté leur offre, une frénésie s'empara de nombreux acheteurs potentiels de par le monde. La première partie du plan avait réussi. Les gens se bousculaient pour mettre la main sur une villa - ce qui causa quelques problèmes imprévus.

Acheteurs impatients

Près de 40 000 e-mails furent ainsi envoyés pour s'informer sur les villas. D'autres devaient suivre. Alors que de nombreuses personnes intéressées venaient d'Europe, d'autres étaient originaires des États-Unis et des Émirats Arabes Unis. De nouveaux voisins étaient en route - du moins le pensaient-ils.

Perspectives d'avenir

Lorsque la demande pour les villas devint trop importante, les responsables créèrent une liste d'attente, mettant en suspens les rêves de nombreuses personnes. Les membres du personnel de la mairie étaient débordés. Qu'avaient-ils fait ? Personne n'avait-il donc lu la contrepartie ?

Un peu de bon sens !

Aussi bon marché que fussent les villas, pour certains propriétaires potentiels sceptiques, tout cela ressemblait à une arnaque. Mais les responsables réaffirmèrent que le prix bas de ces maisons était une véritable opportunité pour les propriétaires. Il y avait juste une contrepartie.

Un bon prix

De nombreuses villas répertoriées comme « Casa a 1 Euro » étaient abandonnées depuis un certain temps. Elles étaient devenues des propriétés de la ville, de sorte qu'aucune négociation bureaucratique trop longue ne serait nécessaire. Par ailleurs, chaque villa avait besoin de réparations. Et c'était un euphémisme.

Obligations supplémentaires

Chaque nouveau propriétaire, dans le cadre d'un contrat avec la ville, devait s'engager à au moins 15 000 € de frais de rénovation. Le coût variait avec chaque villa, mais toutes les rénovations devaient avoir été achevées dans les trois ans. Et cela pouvait être un problème.

Inspection

Les intérieurs des villas étaient également très différents les uns des autres. Certains étaient très étroits. Certains avaient peu de place. De l'extérieur, d'autres ne semblaient même pas avoir de fenêtres. Elles étaient en quelque sorte des reliques de leur temps ... et elles cachaient quelques frais supplémentaires pour les acheteurs.

Trop beau pour être vrai ?

5 000 € supplémentaires devaient être remis à la ville par le nouveau propriétaire à titre de caution, afin de garantir que les rénovations soient achevées dans les trois ans. La ville indiquait qu'une fois la construction terminée, elle rembourserait le montant total.

Les acheteurs se bousculent

Pourtant, même avec tout cela, le prix final demeurait incroyable ; il était inférieur à 30 000 $. Juste aux États-Unis, une maison coûte en moyenne 230 000 $ ! Pour cette raison, la demande pour de telles villas siciliennes ne fit qu'augmenter.

Pour le bien de la ville

De nombreux fonctionnaires durent faire des heures supplémentaires, mais c'était pour le bien de leur ville. Dix des villas furent officiellement vendues en 2019 et les nouveaux propriétaires emménagèrent immédiatement pour se mettre au travail - ils n'avaient que trois ans devant eux, après tout.

Un renouveau

Alors que les nouveaux résidents commençaient les travaux, les responsables de Sambuca souriaient enfin. Ils l'avaient fait - ils avaient amené des gens à Sambuca. Au fur et à mesure que la population allait augmenter, la valeur des propriétés allait suivre, faisant de ces « pionniers » des acheteurs heureux. De plus, quelques années auparavant, une découverte non loin de là avait démontré que la valeur de telles propriétés en Sicile pouvait grimper d'un coup ...

Un appartement à Palerme

Non loin de Sambuca, Giuseppe Cadili et Valeria Giarrusso avaient emménagé dans un charmant appartement. L'ancien immeuble était situé sur un terrain qui était autrefois la rivière Kemonia, à proximité du palais royal de Palerme. Ils ne se seraient jamais attendus à mettre au jour un vestige historique.

Des rénovations peu ordinaires

Le duo voulait simplement abattre un mur pour dégager de l'espace. Mais leur projet de rénovation devait se heurter à des ... complications.

Plâtre humide

Quand Giuseppe et Valeria commencèrent, ils remarquèrent que le plâtre était étrangement humide. « Il y a eu une fuite à l'intérieur d'un mur », pensa Giuseppe. Mais après avoir essuyé un peu les murs, ils remarquèrent quelque chose d'encore plus étrange.

Écriture sur les murs

Ils détachèrent ensuite la couche supérieure de plâtre humide pour révéler quelque chose de presque magique. « En nettoyant un peu, je me suis rendu compte qu'il y avait une écriture arabe dessus » expliqua-t-il ensuite, ajoutant que le lettrage d'or et d'argent était peint sur un fond bleu dans une petite pièce cachée à l'intérieur de l'appartement.

À la recherche d'un expert en restauration

« Je n'aurais jamais imaginé que l'écriture couvrait les quatre murs », dit Giuseppe. En raison des coûts, Giuseppe et Valeria attendirent avant de faire appel à un expert en restauration pour résoudre le mystère qui se trouvait derrière ces murs, mais quand ils le firent, ils furent étonnés par leur découverte.

Une rencontre avec Gaetano Basile

Ils demandèrent à Gaetano Basile, un connaisseur de l'histoire de Palerme, d'étudier les rayures dorées sur les murs, qui comprenaient des motifs en forme de tughra. Il décrivit l'écriture comme une « version artisanale » de la calligraphie décorative populaire des années 1700.

Marques décoratives

Il poursuivit en disant à Salvatore Ferro du Giornale di Sicilia que ces inscriptions n'avaient rien de religieux ou de spirituel, mais étaient simplement décoratives. « C'est une partie bien connue de notre culture, marquée par l'invention du “rabbisco”, un héritage entièrement sicilien de la conception arabesque », ajouta-t-il.

Accidentellement arabe

« L'artisan sicilien, qui ne connaissait pas l'arabe, a pris les vers calligraphiques pour de la décoration et les a imités. Les charrettes siciliennes étaient pleines de « rabbischi », continua Gaetano. Après tout, l'imitation est la forme la plus sincère de flatterie !

Une mosquée cachée

« Il est probable que la maison appartenait à un noble ou un marchand nord-africain qui avait élu domicile à Palerme vers la fin des années 1700. Le propriétaire avait en fait fait construire une mosquée dans sa maison. Il y a des indications claires à ce sujet », déclara Gaetano.

Histoire islamique

Comme vous pouvez l'imaginer, Giuseppe et Valeria étaient stupéfaits. Il y avait un lieu de culte islamique supposé dans leur propre appartement. Et bien qu'il soit étrange que la supposée mosquée ait été cachée à la vue de tous, quand on connait l'histoire islamique de la Sicile, ce n'est pas si extraordinaire que cela.

Le multiculturalisme de Palerme

Aujourd'hui, Palerme compte plus de 25 000 immigrants, dont beaucoup viennent de pays à forte population musulmane, comme le Bangladesh. Son architecture arabo-normande ne fait qu'ajouter à ce multiculturalisme.

Des établissements religieux

L'imam de Palerme, a expliqué le passé des établissements religieux siciliens. « Chaque église ici était une mosquée, qui était une synagogue, qui était une église, qui était une mosquée. C'est l'histoire de la Sicile. »

Découverte après découverte

Quant à la mosquée secrète, Gaetano a expliqué qu'elle « fait face à l'est », vers La Mecque, et que « ses murs sont de taille identique - 3,5m sur 3,5m ». Plus ils cherchaient, plus ils trouvaient des détails surprenants !

De nombreux débats

« Il y a des portes situées de manière à empêcher le placement de meubles, et le plafond a un motif de lampe qui se répète. » Mais comme les gens qui ont construit la salle ne sont plus là pour confirmer leurs intentions initiales ... elle a donné lieu à de nombreux débats.

Un peu de recherche

Après que les médias grand public eurent déclaré que la pièce était une mosquée, des chercheurs de l'Université de Heidelberg et de l'Université de Bonn, tous deux allemands, décidèrent de faire un peu plus de recherche sur la mystérieuse chambre bleue.

Des théories opposées

Selon le professeur Werner Arnold de Heidelberg, le texte du mur semblait inclure un mélange de lettres syriaques et arabes, manquant complètement de sens logique. Mais Chiara Riminucci-Heine de l'Université de Bonn, a quant à elle suggéré que la salle était destinée aux pratiques occultes d'un magicien en relation avec « la maçonnerie islamique et l'ésotérisme ».

Le Mihrab

Ensuite, Giulia Gallini, une experte en histoire de l'art et de l'architecture islamiques, a elle aussi donné son avis, affirmant qu'il manquait à la salle bleue une chose très importante pour être considérée comme une mosquée : le mihrab, ou « niche de prière semi-circulaire ». Quoi qu'il en soit, le couple était impressionné.

Préserver le patrimoine

Le couple avait trop de respect pour cette culture pour en faire une salle de bain luxueuse. « Nous voulions donner le poids approprié à cette découverte et transmettre notre amour pour le centre historique. Trop souvent, ont détruit les choses de notre passé au lieu de les ramener à la vie », expliqué ainsi Giuseppe.

Quelques touches finales

« C'est pourquoi nous avons décidé de la garder tel que nous l'avons trouvée : nous avons mis un canapé et un bureau et, par respect pour la culture musulmane, nous ne servons pas de boissons alcoolisées dans cette pièce », poursuivit Giuseppe Cadili.

Des morceaux d'histoire

Bien qu'il y ait encore beaucoup de débats autour de la nature de la chambre bleue de Palerme, parfois appelée la « salle au décor arabe » ou, de manière plus fantasque, la « chambre des secrets », elle est indéniablement très belle. Ce n'est pas la première fois qu'un morceau d'histoire est caché sous une résidence moderne.