Des experts ont découvert ce dangereux reptile mutant aux USA

Schneider et Burkett sont habitués aux reptiles dangereux. Une partie du travail d'Herpetological Associates consiste à évaluer la présence de serpents venimeux sur les chantiers de construction. Bien entendu, les employés du groupe suivent une formation approfondie qui leur permet de capturer en toute sécurité des serpents potentiellement mortels. Le serpent à tête de cuivre et le crotale des bois intéressent particulièrement leur association, et c'est avec des serpents de ce genre que le duo travaillait ce jour-là.

Le crotale des bois se trouve dans tout l'est de l'Amérique du Nord. Presque aucune autre espèce de crotale ne vit à l'état sauvage près des humains dans ces régions du nord-est des États-Unis. Cela dit, cette créature est en voie de disparition dans le New Jersey, le Massachusetts et le Vermont. Elle est aussi assez effrayante.

En effet, le crotale des bois a une réputation plutôt effrayante. Les spécimens de l'espèce peuvent non seulement mesurer jusqu'à 1,5 mètre de long, mais ils possèdent également de puissants crochets. Et, plus terrifiant encore, ce serpent peut se révéler très dangereux pour les humains. Son venin peut causer des hémorragies internes et la mort des cellules musculaires. C'est pourquoi, lorsque les deux experts se sont retrouvés face à une créature peut-être deux fois plus dangereuse, ils se sont montrés très prudents.

Après tout, le venin des serpents ne saurait faire rire. Prenons par exemple le venin des serpents à tête de cuivre du Nord. Cantonnés à l'est de l'Amérique du Nord, ces serpents se trouvent généralement là où les arbres sont abondants. Et si ces serpents sont plus petits que les crotales des bois, leur venin est tout aussi dangereux. Leur morsure peut provoquer des lésions des tissus, des douleurs intolérables et des nausées. Plutôt désagréable, non ?

Mais étant donné leur connaissance des espèces de serpents venimeux, les membres d'Herpetological Associates ne sont généralement pas effrayés par ce qu'ils voient sur le terrain. Pourtant, en août 2019, deux membres de l'organisation se sont arrêtés net en tombant sur un étrange reptile mutant dans le New Jersey.

C'est à ce moment-là que Schneider – qui est le directeur régional d'Herpetological Associates pour le nord du New Jersey – et son collègue scientifique Burkett faisaient un repérage à Pine Barrens, dans le New Jersey. Souvent appelée "The Pines", cette bande de plaine côtière abrite une forêt dense et couvre de nombreux comtés à l'extrême sud de l'État.

Et Burkett a expliqué les circonstances entourant sa découverte troublante et celle de Schneider dans une interview d'août 2019 accordée au magazine The Sandpaper de Long Beach Island. Il a notamment révélé que le terrain sur lequel se trouvait le duo était souvent fréquenté par les serpents femelles pour donner naissance à leurs petits – ce qui en fait naturellement un lieu intéressant pour les herpétologistes.

"Nous étions en train de surveiller une zone où nous savons que les serpents à sonnettes donnent naissance", a déclaré Burkett à The Sandpaper. "C'est une zone où les serpents femelles vont prendre le soleil et laisser les embryons incuber. Elles ont leurs petits à la fin du mois d'août, [et] les jeunes restent généralement près de leur mère."

Plus précisément, le travail de Burkett consiste à observer les animaux et les plantes en voie de disparition dans une région ; cela permet aux clients de Herpetological Associates de réaliser leurs projets avec un impact minimal sur l'environnement. Mais bien que le scientifique ait passé des années à observer les crotales, ni lui ni Schneider n'avaient jamais vu un serpent comme celui-ci.

Pourtant, il semble que Burkett n'ait pas tout de suite remarqué la malformation du serpent. Au lieu de cela, il s'est acquitté consciencieusement de sa tâche, photographiant le jeune reptile avec son appareil photo. Mais lorsque la créature s'est mise à l'abri, Burkett a remarqué qu'elle était en fait très différente des autres serpents de son espèce. Et, tout naturellement, il a attiré l'attention de son collègue sur cette caractéristique inhabituelle.

Pourtant, bien que la créature défigurée en question semblait être en bonne santé, Schneider et Burkett craignaient toujours pour le sort du reptile. En raison de son anomalie, le serpent allait avoir plus de mal à se frayer un chemin dans la nature. Les employés d'Herpetological Associates ont donc décidé de placer l'animal potentiellement dangereux en captivité.

Mais avant que Schneider et Burkett ne puissent sauver le reptile mutant, ils devaient d'abord obtenir la permission de le déplacer. Heureusement, comme Burkett l'a expliqué à The Sandpaper, il possède un permis spécial. L'herpétologue a ajouté : "En vertu des lois sur les espèces menacées, il est illégal de manipuler ou de harceler des reptiles ou des amphibiens menacés sans ce permis."

Et le PDG d'Herpetological Associates, Bob Zappalorti, a par la suite défendu la décision de Schneider et Burkett d'enlever le serpent difforme. "Il n'aurait probablement pas été capable de survivre dans la nature", a-t-il déclaré à NJ.com en septembre 2019. "En rampant, il est possible qu'il soit resté accroché à quelque chose, ce qui aurait pu le laisser à la merci des prédateurs."

Herpetological Associates a estimé avoir fait le bon choix en recueillant le serpent. L'organisation scientifique continuera à étudier cette curieuse créature au fur et à mesure de sa croissance, même si rien ne permet de dire combien de temps elle survivra.

Et Schneider et Burkett n'ont pas été les seuls à croiser un animal mutant aussi étrange. En mai 2019, un serpent à trois yeux vivant dans la nature australienne a acquis une notoriété virale après avoir été découvert sur une autoroute. Mais, malheureusement, la créature est décédée quelques semaines plus tard – peut-être à cause de sa défiguration.

Le reptile découvert par Schneider et Burkett était un bébé crotale des bois. Il était capable d'administrer une grave morsure venimeuse. Et en dépit de son âge relativement jeune, le spécimen était aussi potentiellement deux fois plus dangereux que les autres de son espèce.

Même en tant qu'herpétologues, Schneider et Burkett ont sans doute été surpris par le serpent. L'herpétologie proprement dite est l'analyse des reptiles, amphibiens et gymnophiones à sang froid. Et bien que ces créatures puissent sembler très éloignées de nous, les scientifiques pensent que nous avons beaucoup à apprendre d'elles.

Par exemple, étudier ces animaux peut nous fournir des informations uniques sur l'état de notre planète. Comment ? Eh bien, ces créatures sont capables de sentir les transformations subtiles de leur environnement et, par conséquent, peuvent nous avertir qu'un changement écologique est en cours. Leur venin – bien que terrifiant – pourrait également être utile.

Certains venins produits par des amphibiens et des reptiles peuvent avoir des applications médicinales. En effet, certains types de venin de serpent sont utilisés, par exemple, pour prévenir la formation de caillots sanguins chez les patients victimes d'une crise cardiaque ou d'un accident vasculaire cérébral. Étant donné les nombreux avantages que présente l'étude de ces animaux, il n'est pas surprenant que l'herpétologie compte d'ardents défenseurs.

Et bien entendu, Herpetological Associates fait partie de ceux qui promeuvent cette discipline. L'organisation a été fondée en 1977 et est spécialisée dans les espèces animales et végétales menacées et en voie de disparition, ainsi que dans leurs habitats respectifs. Les membres de l'équipe d'Herpetological Associates travaillent aussi à veiller au bien-être de la faune dans les forêts, les parcs et les banlieues.

Herpetological Associates fait également équipe avec différents groupes, afin d'aider ses clients à mener à bien leurs projets sans affecter inutilement l'environnement. Pour ce faire, les spécialistes assurent la liaison avec les autorités étatiques et fédérales pour obtenir des permis de conservation. Ils évaluent également les habitats naturels et font le point sur les populations de faune et de flore.

Les bureaux d'Herpetological Associates sont répartis sur l'ensemble du territoire américain – en Floride, en Pennsylvanie et dans le New Jersey. En particulier, l'équipe du "Garden State" concentre ses efforts sur la loi régionale sur l'examen des installations dans les zones côtières et aide les clients à soumettre leurs demandes à diverses agences environnementales, notamment la commission Pinelands du New Jersey.

Alors, pourquoi le serpent représentait-il une telle menace ? Eh bien, il n'avait pas une mais deux têtes. Et il n'est pas étonnant que cette bizarrerie ait causé un choc à Burkett quand il l'a repérée pour la première fois. "J'ai appelé Dave Schneider et j'ai dit : 'La vache ! Cette chose a deux têtes", a-t-il raconté à The Sandpaper.

Burkett et Schneider ont d'abord remis en question ce qu'ils pensaient avoir vu – et c'est compréhensible. "Nous ne pouvions pas voir le serpent à ce moment-là", a expliqué Burkett. "Alors j'ai vérifié les clichés de mon appareil photo et c'était là – deux têtes."

Ensuite, après une étude plus approfondie, Burkett et Schneider ont découvert que les deux têtes du serpent fonctionnaient de manière indépendante. Le spécimen d'environ 25 centimètres de long possédait également deux paires d'yeux fonctionnels ainsi que deux langues fourchues. Pour l'instant, les scientifiques n'ont pas encore déterminé le sexe du serpent.

"Les deux langues s'agitent indépendamment l'une de l'autre, donc [le serpent] a deux cerveaux", a déclaré Schneider à KYW-TV en septembre 2019. "Quand il se déplace, vous verrez qu'une tête va dans un sens et l'autre dans un autre. Et [les têtes sont] en quelque sorte en conflit et se raidissent, puis l'une d'elles va décider. Donc, c'est assez intéressant."

Cela dit, le serpent avait bien une tête paraissant plus affirmée que l'autre. En septembre 2019, Schneider a expliqué à ABC News : "Il semble que la tête du côté droit soit celle qui domine le plus.... Mais de temps en temps, l'autre tête voudra aller dans une direction différente."

Le serpent a reçu un nom très approprié, en hommage non seulement à sa rareté, mais aussi aux deux hommes qui l'ont découvert et confié aux soins d'Herpetological Associates. L'animal a ainsi été baptisé Double Dave, en hommage à Burkett et Schneider.

Il semble également que Double Dave ne soit pas le premier serpent à être né avec deux têtes. La condition dont souffre l'animal est appelée polycéphalie, et elle semble se produire lorsqu'un embryon se divise en deux mais ne se sépare pas entièrement.

Dans son interview avec NJ.com, Zappalorti a aussi expliqué comment la polycéphalie a pu affecter Double Dave. Il a déclaré : "[Le serpent] était vraisemblablement destiné à être un jumeau, et il a muté, et la femelle a donné naissance à ce bébé anormal." À propos de la rareté de la déformation du serpent, Zappalorti a ajouté : "C'est le seul qui ait jamais été découvert dans le New Jersey."

En fait, dans le monde entier, les créatures à deux têtes apparaissent souvent dans divers mythes et légendes, où elles sont généralement considérées comme un signe de catastrophe imminente. Dans la vie réelle, en revanche, les animaux à deux têtes sont relativement rares, car ils ne représentent qu'une naissance sur 100 000 en dehors de la captivité.

Et pourtant, les serpents à deux têtes se rencontrent assez fréquemment. En effet, quelques semaines seulement avant que Double Dave ne fasse la une des journaux, un autre serpent bicéphale avait été photographié à Bali. En 2018, un autre serpent bicéphale nommé Tom et Jerry a également fait le voyage en Suisse pour participer à l'exposition Reptile Expo.

Cependant, contrairement à l'expression populaire, deux têtes ne valent pas mieux qu'une lorsqu'il s'agit de serpents. En effet, même les décisions les plus simples, telles que le choix de la direction à prendre, deviennent des conflits de volonté. Et il n'est pas rare, non plus, que des animaux bicéphales se disputent à eux-mêmes la nourriture.

Les serpents à deux têtes peuvent devenir des proies faciles pour les prédateurs, ce qui réduisait considérablement les chances de Double Dave de survivre jusqu'à l'âge adulte dans la nature. C'est pourquoi Herpetological Associates avait décidé de recueillir la créature. "Nous allons nous en occuper", aurait déclaré Schneider dans un rapport de septembre 2019 publié par The Guardian.

Pourtant, même en captivité, il peut être difficile de prendre soin des serpents bicéphales – ce que Cooper Sallade ne sait que trop bien. Les photos que l'éleveur de vipères avait prises d'un serpent à tête cuivrée bicéphale sont devenues virales en 2018, et à cause de la vague d'intérêt suscitée par cette créature mutante, Sallade s'est senti obligé de s'en occuper du mieux qu'il pouvait.

"Vu l'incroyable attention médiatique autour du serpent, il y avait beaucoup de pression sur moi pour garder cette chose en vie", a déclaré Sallade à Wired en juin 2019. Pour tenter de prolonger la vie de la créature, Sallade a donc été obligé de la forcer à manger. Mais même avec ses meilleurs efforts, il n'a pas pu sauver le serpent ; celui-ci est malheureusement décédé quelques mois plus tard.

Et au final, Sallade a estimé que la mort était la meilleure issue pour l'animal. "Si ça avait été un serpent né dans ma collection, je n'en aurais parlé à personne", a-t-il déclaré à Wired. "Honnêtement, je l'aurais probablement euthanasié moi-même, car c'était si dur pour le serpent – rien que de rester en vie".

Pendant ce temps, quelques semaines après son séjour chez les Herpetological Associates, Double Dave se porte toujours bien. La créature paraissait en bonne santé, et ses deux têtes s'entendaient à merveille. Néanmoins, Schneider et ses collègues étaient impatients de scanner le serpent afin de savoir si son système digestif était en bon état de marche.

Et si cette section des entrailles de Double Dave s'avère être en bonne santé, cela rassurera les soigneurs du serpent, qui auront la certitude qu'il peut se nourrir et donc se développer. En fait, l'avenir pourrait être radieux pour le serpent, car les serpents à deux têtes peuvent apparemment survivre plus de 15 ans lorsqu'ils sont élevés en captivité.